et le Corps expéditionnaire britannique dans la bataille de la Marne

Des premiers combats en Belgique dès la fin août à la bataille de la Marne, le British Expedionary Force participe avec à sa tête le Général Haig, à ce début du premier conflit mondial.
Au 21 ter du boulevard Jean Rose, derrière une grille, au fond du parc se trouve l’imposante maison « Villeboisnet » c'est là que s’installe le quartier général de l’État-major britannique du général Douglas Haig, jusqu’au 2 septembre 1914. 
Le 3 septembre 1914, les troupes britanniques ayant achevé leur retraite sur la rive gauche de la Marne, s’apprêtent à détruire le pont, dernier lien entre les deux rives de la Marne. A 15 heures, sur les insistances du maire Georges Lugol, les Anglais se contentent de ne faire sauter qu’une arche du vieux pont du Marché. Ses pavés endommagent les constructions avoisinantes jusqu’à la cathédrale, mais les moulins sur le pont sortent intacts de l’explosion. 

Douglas Haig (1861-1928) est un maréchal britannique. 

Il débute la première guerre mondiale comme lieutenant-général et placé à la tête du 1er corps des armées. Il participe aux batailles de Mons, de la Marne et d'Ypres. Grâce à ces succès il est promu général et fait commandant en second des forces britanniques en France, ce qui le place sous les ordres de Sir John French.

Le maréchal French
Source : MGG


Il est nommé à la tête du corps expéditionnaire britannique en France en décembre 1915 jusqu'à la fin de la guerre.
Durant la bataille de la Somme, en 1916, ses troupes perdent 400000 hommes pour un résultat très peu probant, c'est la bataille la plus meurtrière de l'histoire britannique. Le 1er juillet 1916 fut le « jour le plus sanglant pour l'armée britannique » !
Les campagnes de Passchendaele et Poelkapelle, lui confère définitivement l'image d'un général au commandement « inhumain », ses troupes le surnomme « le boucher ».

En 1917, il est promu Field Marshal, on considère alors qu'il a fait au mieux étant donné les circonstances auxquelles il a dû faire face. 
Ainsi pour le général américain John J. Pershing, Haig est « l'homme qui a gagné la guerre ».
Il reste commandant en chef des armées jusqu'à sa retraite en 1921.


Le British Expedionary Force dans la bataille de la Marne.


L'entrée en guerre est effective le 4 août 1914, date à laquelle le Royaume-Uni mobilise son armée composée de soldats de métier. 
Le 5, le Foreign Office édite ce communiqué : « En regard du rejet par le gouvernement allemand d’accéder à la demande du gouvernement de Sa Majesté visant à assurer le respect de la neutralité de la Belgique, […] le gouvernement de Sa Majesté a déclaré au gouvernement allemand qu’un état de guerre existait de fait entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne depuis hier 4 août à 23 heures ». 
Pour la première fois depuis 99 ans, depuis Waterloo - si l’on excepte la guerre de Crimée (1853- 1856) - les Britanniques sont prêts à s’engager sur le continent européen. 

Affiche de recrutement
Source : MGG


L’entrée en guerre s’accompagne d’une vaste campagne de recrutement de volontaires. Motivés par l’idée de se battre, soumis également à une forte pression sociale – les femmes britanniques n’hésitent pas à donner une plume blanche aux hommes qui ne s’engagent pas – le nombre des volontaires atteint le chiffre impressionnant de 1 190 000 à la fin de l’année 1914


Placées sous le commandement de Sir John French, les troupes britanniques s’embarquent pour la France, avec pour ordre (donné par le ministre de la guerre Lord Kitchener) de ne pas répondre aux ordres et demandes des généraux Français et de prioriser la défense de la Belgique… Il faudra attendre la bataille de la Marne et les défaites successives lors des batailles des Frontières (mois d’août 1914) pour qu’une coopération véritable soit envisagée et actée.

Le fantassin britannique est résolument moderne, tant dans son entraînement que dans sa conception ou son équipement. 
Les différentes opérations coloniales menées, tant en Afrique qu’en Asie, avaient révélé définitivement tous les désagréables et mortels inconvénients apportés par le port des tuniques écarlates traditionnelles et consacré l’inadaptation des divers équipements fournis à ses fantassins. 
En 1902, la seconde guerre des boers vient à peine de se terminer que la Couronne britannique prend l’heureuse décision de fournir une nouvelle mais surtout moderne tenue de campagne.  


Seulement, si l’Empire britannique est une puissance militaire au niveau naval, il n’en est rien au niveau terrestre, quelle que soit la force des soldats de métier de l’Empire et la modernité de leur matériel. Or, lorsque la guerre éclate, les quelque 100 000 soldats de l’armée de métier ne pèsent pas bien lourd face aux deux millions de soldats Allemands qui déferlent en Belgique et en France. Il devient très vite nécessaire de recourir au volontariat pour mobiliser tout l’Empire en exacerbant le patriotisme au sein des sociétés britanniques afin d’éviter la catastrophe. Très vite, une économie de guerre se met en place et l’envoi massif de troupes sur le continent devient un enjeu majeur !


L’arrivée des troupes britanniques, avec l’envoi d’un premier contingent de soldats de métier appelé B.E.F. (British Expedionary Force), marque en soi l’échec diplomatique de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l’Empire Allemand et, en même temps, une réussite politique vis-à-vis de la France. C’est cependant un désastre humain, ainsi qu’il en va pour chaque armée. 


La première grande bataille du contingent a lieu à Mons, dans les plaines de Wallonie, au sud de la Belgique, à la frontière avec la France. La bataille, qui ne dure que 6 heures environ, oppose 80 000 britanniques à 160 000 Allemands lors d’affrontements terribles aux cours desquels la petite armée de métier démontre sa supériorité militaire, mais son indéniable infériorité numéraire. La bataille est notamment rendue célèbre par une des dernières grandes charges de cavalerie du XXe siècle (sur le front Ouest) où la fine fleur de la cavalerie britannique est balayée par la terreur à venir du champ de bataille : la mitrailleuse.

Soldats anglais
Source : MGG


Fin août 1914, c'est le repli général, à marche forcée, de l’aile gauche et du centre, des forces françaises et britanniques, sur la Somme, puis l’Oise, l’Aisne et enfin la Marne… 
La progression de l’aile droite allemande qui fonce d’une manière extraordinaire vers Paris, est à présent, très rapide, parfois jusqu’à 40 km par jour !
Les troupes allemandes menacent désormais Paris.


Le 2 septembre, dans la matinée, à Meaux, retraitant du Nord de la Seine-et-Marne, et arrivant par la route de Senlis, les premières troupes britanniques pénètrent dans la ville. L’État-Major britannique du général Haig, installe son Poste de Commandement, dans une vaste propriété, située face aux remparts de la ville : la villa Villeboisnet.
A Meaux, au cours de la nuit, de nouvelles troupes britanniques et notamment de l’artillerie, arrivant du Nord de la Seine-et-Marne, par la route de Senlis et celle de Varreddes, franchissent la Marne, puis remontent vers Nanteuil-lès-Meaux, en direction de Coulommiers et Melun.

Le 3 septembre, à Meaux, pour retarder le franchissement de la Marne, le Royal Engineers britannique fait sauter une arche du pont du marché. Les vieux moulins bâtis sur le pont, sont heureusement épargnés. 
A la fin de cette journée, de Lagny-sur-Marne, de Meaux, de Trilport à La Ferté-sous-Jouarre, toute l’Armée britannique, en repli, aura franchi la Marne. En échelon arrière, le Grand Quartier Général britannique s’est replié de Lagny-sur-Marne, pour s’installer près de la Seine, à Melun, au collège Jacques Amyot.


Au château de Vaux-le-Pénil, le 5 septembre 1914 à 14h00, Joffre vient convaincre le maréchal French, de participer à l’attaque générale, prévue le 6 septembre au matin, il réussit à emporter son adhésion, jusque-là incertaine… « l'honneur de l'Angleterre est en jeu, monsieur le Maréchal ! »
Le B.E.F. participera donc à la contre-attaque prévue le 6 septembre.

Ainsi les Britanniques le 7 septembre, s'engouffrent dans la brèche entre la première et la IIe armée allemande.
À noter, que le même jour, près du village de Frétoy, au hameau de Montcel, au Sud de Coulommiers et de La Ferté-Gaucher, en reconnaissance, 50 cavaliers britanniques du 9e Royal Lancers, chargent victorieusement par deux fois, contre l’arrière-garde d’une patrouille de cavaliers du 1er Dragon de la Garde allemande (1ère Division de Cavalerie, général Von Richtofen). Ce sera en France, l’une des dernières charges de cavalerie classiques, au cours de la guerre 1914-1918. 


Ils atteignent la vallée de la Marne le 9 septembre dans la région de La-Ferté-sous-Jouarre.


Von Molkte le 10 septembre, ordonne la retraite de toute l’armée allemande sur l’Aisne et l’Oise. C'est le début de la Course à la Mer.
4 mois après les déclarations de guerre, et alors que l’on espérait le conflit terminé pour décembre, les hommes s’enterrent dans des réseaux de tranchées. Les volontaires britanniques, qui s’attendent à mener une guerre de mouvement, ainsi qu’il en a été pendant plusieurs siècles auparavant, vont se retrouver très vite embourbé dans un environnement rendant obsolète l’entraînement classique du fantassin. Ces hommes, qui ont répondu à l’appel de la Couronne, prennent très tôt la mesure de l’absurdité des évènements et vont dans certains coins, durant la période des fêtes, contre toute autorisation du commandement, célébrer Noël et la nouvelle année avec leurs adversaires. Ces trêves de Noël, sporadiques, seront durement réprimées par les État-major… Le conflit, enlisé, s’annonce sans fin.


Mémorial britannique de La Ferté-sous-Jouarre

Sur ce monument sont gravés 3.888 noms de soldats et officiers britanniques, tombés d’août à octobre 1914, et qui n’ont pas eu de sépulture, ou dont les tombes sont restées anonymes. (50 tombes de soldats ont été identifiées après que les noms furent gravés). 


Sont inscrits aussi, les noms des régiments dans lesquels ils servaient. Une inscription rappelle leur souvenir :


A la gloire de Dieu, et en souvenir durable de 3.888 officiers et soldats dont les tombes ne sont pas connues, appartenant au Corps Expéditionnaire Britannique, qui mobilisé le 5 août 1914, débarqua en août 1914 et combattit à Mons, au Cateau, sur la Marne, sur l’Aisne, jusqu‘en octobre 1914.

Le monument est inauguré le 4 novembre 1928, par le général Pulteney, qui en septembre 1914, commandait le 3e Corps d’Armée britannique devant La Ferté-sous-Jouarre, et en présence du maréchal Foch, Albert Gilquin, maire de la ville, Georges Lugol, sénateur, François de Tessan, député, ainsi que de nombreuses personnalités civiles et militaires.